Comme l'ont démontré les recherches effectuées ces dernières années, une très grande partie des cancers du col de l'utérus (environ 95% de cas) ont pour origine une infection préalable à un Papilloma Virus Humain. Ce virus est transmissible sexuellement.
Le cancer du col de l'utérus est la conséquence d'une infection à ces papillomavirus humains. Ce cancer se développe à partir des lésions provoquées par ces virus de la famille des papillomavirus humains (PVH ou HPV: Human PapillomaVirus en anglais). Néanmoins, toutes les infections aux PVH n'évoluent pas vers un cancer.
Qu'est ce que le Papilloma virus humain ?
C'est une famille de virus, dont certains ont peu d'effets cancérigènes, mais parmi eux, les virus 16 ( environ dans 50% de ce type de cancer en France) et 18 (environ 20%) sont très dangereux ( également, mais à un degré moindre car ils sont moins présents en France: les virus 31, 33 et 35). Ils ont un pouvoir cancérigène important, et ils sont responsables d'un considérable pourcentage des cancers du col de l'utérus. Dans certaines régions du monde, ce sont d'autres papillomavirus humains qui seront plus présents, et par là même responsables de plus de cancers, par exemple en Colombie, le virus 45 est responsable de la moitié des lésions cancéreuses du col de l'utérus.
Dans cette famille de virus, comptant plus de cent virus différents (*), on peut distinguer deux sous-familles. Certains affectent la peau et d'autres les muqueuses vaginales. Les affections sont bénignes, comme des verrues sur la main, la voûte plantaire, mais d'autres affections peuvent évoluer vers des cancers, dont le cancer du col.
Dans le cas d'une infection transmisse par voie sexuelle, le plus souvent l'évolution est sans conséquences (condylomes: petites formations bénignes proliférant sur la muqueuse vaginale), mais parfois il peut y avoir développement de lésions précancéreuses, qui pourront elles même évoluer en cancer du col de l'utérus, si elles ne sont pas détectées et traitées. Ainsi, les papillomavirus sont responsables de 85 à 100 % des cancers du col de l'utérus. Par contre, chez les femmes non infectées par le PVH, le risque de cancer est très faible.
Les infections à cette famille de virus sont très fréquentes. Parmi les femmes sexuellement actives, environ 80 % d'entre elles auront été en contact avec au moins un virus de cette famille à l'âge de 50 ans. Le plus souvent, l'infection est sans conséquences, en général non détectée par la personne atteinte, et la guérison est spontanée au bout de quelques mois. On ignore le processus exact qui induira un cancer, mais actuellement on pense que c'est l'ancienneté de cette infection qui va lancer le processus cancéreux: la persistance de l'infection par ce virus oncogène entraîne des anomalies cellulaires (marqueur le plus important de tumeur).
(*) il existe environ 120 génotypes d'HPV, dont 40 infectent l'épithélium génital, certains HPV étant oncogènes (notamment HPV16 et HPV18) et pouvant être à l'origine de cancers du col utérin, de la vulve et de l'anus, d'autres étant non oncogènes et pouvant être à l'origine de condylomes ou végétations vénériennes (HPV6 et HPV11 notamment).
Quels sont les effets induits par ces virus en cas d'infection cervico-vaginale ?
Un certain nombre de virus (cf plus haut) de cette famille créent de petites formations bénignes qui vont se multiplier sur la muqueuse vaginale , ce sont des condylomes. À l'examen (frottis vaginal) , ce sont des déformations des cellules vaginales, appelées dysplasies. Elles seront légères, modérées ou sévères ( cette dernière forme étant le premier stade d'un cancer très localisé du col utérin).
Seul un petit nombre de PVH produisent ces lésions cancéreuses: en France, les virus 16, 18, 31, 33 et 35 sont responsables de presque la totalité de ces lésions. Les lésions du col seront identifiées par la "colposcopie" (examen du col utérin avec un processus grossissant ) puis par l'examen microscopique de la lésion prélevée par une biopsie.
(En Europe occidentale, les génotypes 16 et 18 sont en cause dans environ 73% des cancers du col utérin).
Il faut savoir
- que les infection à HPV ne produisent pas toutes des condylomes,
- que les condylomes peuvent:
- soit disparaître naturellement,
- soit rester présentes (dans ce cas, il est préférable de le enlever par laser ou autre moyen)
- soit, si ils n'ont pas été détectés et éliminés, ils peuvent entraîner un cancer du col. Cette transformation pouvant être très lente, le cancer peut se manifester plusieurs dizaines d'années après la contamination.
- que les risques augmentent avec le nombre de partenaires sexuels.
D'après certaines études, les papillomavirus seraient sans doute responsables d'autres cancers (larynx, peau, estomac, œsophage, prostate, ...). Les travaux actuels étudient le rôle exact des PVH sur différents types de cancers où leur responsabilité est étudiée.
Les infections par papillomavirus sont obligatoires mais pas suffisantes à la croissance de lésions qui entraîneront des cancers du col. Il semblerait qu'il faille une conjonction de plusieurs facteurs qui entraîneraient à terme des changements au niveau des cellules du col.
Les vaccins anti PVH
Ce sont des vaccins à but préventif, et non curatif. C'est à dire que si la femme a déjà été infectée par le virus, cela n'aura aucun effet sur le développement ultérieur de condylomes. Donc, la vaccination n'est utile et ne sera préconisée qu'aux femmes n'ayant pas eu de contact avec le PVH, c'est à dire avant le premier rapport sexuel (l'utilisation des préservatifs ne protège que partiellement de l'infection par les HPV8 - source http://www.hcsp.fr)
En France il existe deux vaccins , le Cervarix ( actif contre les deux types de HPC les plus cancérigènes, le 16 et le 18) et le Gardasil ( actif contre les virus 16, 18, ainsi que 6 et11). Le Haut Conseil de la Santé Publique donnant sa préférence au vaccin quadrivalent.
Protocole vaccinatoire: deux injections à un mois d'intervalle et la troisième au sixième mois.
Attention !
Le vaccin anti-HPV ne remplace pas le dépistage du cancer du col par frottis vaginal régulier. Le frottis reste donc recommandé chez les femmes de 25 ans à 65 ans, tous les 3 ans, après 2 frottis initiaux normaux à un an d'intervalle.